C'est normal d'avoir honte, quelle que soit l'addiction, mais encore plus avec les
opiacés "faibles" je trouve.
Depuis tout petits on est mis en garde contre l'
héroïne, cette "drogue si puissante qu'en une prise ou deux on devient accroc, on vend ses meubles et on fait tapiner son chien pour se payer la prochaine dose". Du coup on se dit les
opiacés c'est niet, trop dangereux, ça ne passera pas par moi et j'en passe.
Et un beau jour, suite à une prescription ou parce qu'on a entendu dire que ça faisait planer, on prend de la
codéine, d'abord quelques cachets, puis on augmente les dosages avec l'augmentation de la tolérance, la dose du début ne fait plus planer, ou elle est plus aussi efficace sur la douleur.
Et ainsi de suite, on finit par se trouver des excuses pour augmenter la posologie, pour consommer plus souvent, on tombe en plein dans l'addiction psychologique. Un beau jour on se dit qu'on file du mauvais coton donc on va espacer les prises et puis on se sent mal, on se rend compte que la baisse est compliquée sinon impossible parce qu'on a accroché physiquement.
Et là c'est l'égo qui casque, parce qu'on s'était juré de jamais toucher aux
opiacés, puis de gérer sa consommation, d'arrêter quand on sentait que la situation allait nous échapper. Mais en fait on a rien évité du tout, on s'est jeté avec une certaine bonne volonté dans une addiction qui nous fait honte.
Parce qu'on se retrouve à faire la tournée des médecins et pharmaciens pour choper sa dose, parce qu'on subit parfois le regard inquisiteur de ces derniers, parce que bien souvent l'entourage n'est pas au courant, parce qu'on s'en veut d'avoir été si faible, si bête, de ne pas avoir vu suffisamment tôt que le piège se refermait et que, bien souvent, on a fait la sourde oreille aux avertissements (des pharmaciens, de la notice de médocs, du corps lorsqu'il a fait sentir les premiers signes de dépendance).
Perso c'est un peu comme ça que je l'ai vécu, et pourtant j'avais un passif assez lourd niveau toxicomanie. Donc la personne vierge de toute drogue qui tombe dans cette addiction dont la mise en place est au final assez insidieuse, elle doit être rouge de honte et s'en vouloir à mort.